Puz/zle
chorégraphie
SIDI LARBI CHERKAOUI
Eastman
Festival d'Avignon
du 10 au 14 et du 16 au 20 juillet 2012
Note personnelle: 0/5
Spectacle 100% métissage (ceci juste parce que je sais que le "chorégraphe" ne supporte pas ce mot)!
Mais le mot plus proche encore de ce spectacle serait: "folklore", parce que toutes les formes utilisées semblent
mortes. Pour moi, aucune ne donne vie à ce spectacle. Je lis ce matin quelques critiques positives, je n'avais pas pensé au rapport entre les pierres utilisées pour lyncher, pour taper, pour
écrire, pour tracer et le lieu de la carrière Boulbon. Encore, celles-ci, qui tiennent dans la main, sont des pierres, mais les blocs qui servent pendant tout le spectacle à construire et
déconstruire l'espace, sont d'un matériau composite ultra léger, à l'opposé de ce que devrait être ce même bloc en vrai pierre.
Voilà le symbole de tous les éléments disparates que l'on voit, où est la caractéristique principale d'un bloc de
pierre ou de béton, où est le poids, où est la masse. Les danseurs n'ont plus qu'à jouer avec ces morceaux de plumes.
Les chants corses sont le cliché d'eux-mêmes, polyphonie gentillette (loin de la musique traditionnelle plus âpre,
plus combattante). La chanteuse libanaise (je croyais qu'elle faisait partie des corses) mielleuse sans plus aucune tonalité orientale, le flûtiste japonais ne profitant même pas de
l'espace de la carrière puisque utilisant, comme tous, un micro. Même la partie de tambours, qui je ne sais si elle était d'asie, fait regretter une construction comme la musique de
Bali.
Vous avez remarqué, je suis en colère, quatrième spectacle à Avignon, et presque que des déceptions. Seule les
acteurs de Jérôme Bel me laissent une marque directe.
La danse, un peu de hip-hop, des mouvements "contemporains" bouchés, quelques mouvements "mongoloïdes" et du
symbolisme, du lourd symbolique ou mystique. Je me souviens qu'au tout début, les couples dansaient ensembles, et les femmes semblaient devoir faire preuve d'autant de force physique que les
hommes, comme pour s'imposer, comme dans un autre temps. Totalement anachronique.
Ensuite, les références, outre celles déjà nommées, on y retrouve dans les différents assemblages de ces
pierres-plumes, dans les costumes et les attitudes des danseurs, la Grèce antique, les pyramides, et plusieurs fois l'esthétique communiste. J'en oublie sûrement.
L'auteur peut métisser tout ce qu'il veut, j'ai l'impression dans ce spectacle, que tout ce qu'il apporte est
folklorisé, comme s'il avait, avant tout, enlevé toute matière vivante à chacune des cultures qu'il a pioché.
Je ne pense pas avoir vu d'autre spectacle de Sidi Larbi Cherkaoui, peut-être a-t-il fait des choses vivantes
?
Seule note positive, à part la flûte japonaise si elle n'avait pas été amplifiée (et laissée vivante dans ce lieu
magique), les deux animations projetées sur la pierre de la carrière, un agrandissement géant de grains de sable mouvant sur toute la hauteur, et un motif (arabe ?) démultiplié à l'infini, comme
on le trouve dans les palais orientaux.
J'ai lu qu'il avait comme maîtres Alain Platel et Anne Teresa de Keersmaeker ?!?!?!
PS: Commentaire provoquant.
Si vous avez aimé, laissez quelques mots pour me prouver que je n'ai pas bien regardé, parce que je culpabilise de n'avoir pas trouvé mon compte dans trois des quatre premiers spectacles, cette
année.
Mais si ça continue, au prochain, je risque de tout péter!