L'été photographique de Lectoure 2012
21 juillet au 26 août 2012
note personnelle : 2/5
C'est curieux comme cet évènement, qui se veut à la limite du festival provincial ou même rural (mais toujours avec
sérieux), réussit à rester égal à lui-même, réussit à ne pas grandir (et réussit même à perdre un lieu d'expo sur six, cette année).
L'été de Lectoure tourne autour de la photographie, rarement plein cadre sauf dans le cas cette année d'Adriana
Lestido qui montre des photos noir et blanc de femme enfermées en Argentine, avec ou sans leur enfant.
Ananias Léki Dago, toujours en noir et blanc, a pris pour thème le point
d'accroche des chariots, innombrables à Bamako. Ce point est en forme de croix, qui ne fait pas partie de la culture là-bas. C'est le prétexte poétique de toutes ces photos, elles contiennent
toutes ces croix, et montre comme par inadvertance ce qui se passe autour. Il est aussi question de graphisme, de matière, de cadrage. C'est une très bonne idée, ce sujet, qui pourrait passer
inaperçu (il attire l'oeil, malgré tout), qui devient central dans l'ensemble de l'expo. (photos exposées dans la Halle, avec plein de reflets impossible à éviter!)
Chimène Denneulin a investi l'école Bladé, quatre pièces d'une maison, avec
des photos aux murs. photos de lieux sans grand attrait, scènes de rues, des portraits bizarrement détourés laissant le fond uni (résultat assez laid).
Je m'arrête à faire quelques photos de la cours de l'école cadrées par les ouvertures de l'intérieur des pièces.
Et puis, en circulant dans l'espace, ces images de Denneulin prennent vie, deviennent un ensemble dont chaque
élément n'a pas vraiment d'intérêt, il n'est pas question de "photo-photo", c'est la vision des photos les unes après les autres qui construit un monde, celui voyageur de la photographe
?
Pas descriptif, pas imposant, l'approche est pourtant simple, il suffit de rester un peu et de se laisser capter par ces quelques photos.
Pascal Navarro est dans la nostalgie de la photographie argentique et ses
composants passés, comme ici avec des diapos et projecteurs.
le lieu de la Cerisaie est on ne peut plus spartiate. A l'entrée de la première pièce, une vie de photos données par une famille ayant scanné l'ensemble et ne voulant plus de ce
mur de diapos imposant, encombrant, tellement compliqué à manipuler.
Dans un petit espace riquiqui deux projecteurs à une diapo sont sensés éclairer le mur de deux trapèzes, mais les projecteurs anciens n'ont pas tenu et sont maintenant juste
présents.
Dans la petite pièce du fond, très noire, un projecteur passe des diapos de phrases du livre "Les années" d'Annie Ernaux, genre: "Nous étions débordés par le temps des choses"
ou "Le concept même de nouveau diparaîtrait peut-être, comme déjà presque celui de progrès, nous y étions condamnés." L'écran est fluorescent ou phosphorescent, et laisse, à la diapo suivante, le
texte précédent présent. Les intervalles sont dans un rythme lent, avec le bruit du projecteur, ces phrases très lumineuses dans un noir complet, et le fantôme de ces phrases.