Nacera Belaza
Le Trait (pièce en trois temps)
Dans le cadre de la saison de MontpellierDanse
au studio Bagouet
jeudi 25 à 19h et vendredi 26 octobre à 20h
Note personnelle : pas de note, manque de concentration ou d'ouverture de ma part durant le spectacle, mais plutôt noté au-dessus de la moyenne pour le questionnement provoqué
Ça démarre du noir. Une musique, ou plutôt un son continu nous accompagne jusqu'à ce que l'on voit un rai de lumière le long de l'avant
scène. Cette lumière s'agrandit doucement pour laisser apparaître un tiers du plateau. On finit par entre-voir une forme humaine, droite, qui va se mettre à tourner lentement, puis continue en
écartant les bras.
En fait, très peu de gestes, très peu de lumière, provoque une attention redoublée.
Malheureusement, je n'étais pas trop en état, je m'endormais, je ne restais pas concentré, ouvert.
Je me suis posé des questions sur les vêtements, les quatre danseurs sur les trois pièces sont vêtus d'une sorte de sweat gris foncé ainsi que d'un pantalon de survêtement de même couleur. Très peu de chose pour accrocher la faible lumière souvent verticale, les mains, le crâne, les épaules. Tout le bas du corps reste comme absent, englouti dans les ténèbres.
A nouveau dans un presque noir, j'ai rêvé que le corps qui allait apparaître serait cette fois entièrement nu. Mais non, toujours ces vêtements protecteurs, sans forme !
Les trois pièces s'appelle :
-La Nuit
-Le Coeur et l'Oubli
-Le Cercle
Deux solos de femmes (calmes, lents, concentrés) et un duo de deux hommes (plus agité, sautillant symétriquement, puis ayant brusquement des mouvements désordonnés).
La séparation des corps, la méditation, le recueillement, la répétition, le tournoiement, le sautillement, la symétrie, sont certainement liés à la culture algérienne de Nacera Belaza. Mais je ne sais pas comment les prendre. Y a-t-il une pudeur, une restriction du corps, ou n'est-ce pas du tout le propos du spectacle ?
Quelque chose me gêne dans tout cela.
Nacera Belaza écrit sur la plaquette, « Lorsque je le regarde [le corps], je ne le vois pas ou, en tout cas, pas seulement lui. Le corps n'existe, pour moi, que par sa relation à l'espace, en lui et hors de lui. En devenant ce réceptacle du vide, il a le pouvoir de nous révéler l'invisible... », le corps n'est pas spécialement présent, il est là pour rendre visible ce qui ne l'est pas. Ça va à l'encontre de ce que j'imagine de la présence du corps dans la danse, aujourd'hui. Mais pourquoi pas, elle dit aussi, lors d'une interview au festival d'Avignon 2012, que « le corps du danseur doit devenir un espace vide dans l'espace vide du plateau de façon à activer l'imaginaire du spectateur » et « ce que voit le spectateur ne m'appartient pas et devient une chose intarissable, qui n'est pas rattaché à ce que j'ai voulu dire au départ. Il est fondamental pour moi qu'il y ait cette circulation qui peut se faire à l'infini ».
Je pense à son visage jamais souriant sur les photos ou sur scène, même pour les salutations après spectacle. Son visage semble vide, totalement détendu, absent, mais peut-être ouvert pour le traverser ?!
On peut penser aux Derviches Soufie.
Il y a le Sacré, la musique répétitive traditionnelle, et dans ce sens, y a-t-il une inspiration religieuse, une recherche de l'infini en pensant à un Dieu ?