Cecilia Bengolea
François Chaignaud
Pâquerette - jeudi 24 juin 2010 au Studio Bagouet
Castor et Pollux - dimanche 27 juin 2010 à l'Opéra Comédie
Sylphides - mercredi 30 juin 2010 au Studio Bagouet
Photos du site MontpellierDanse d'Alain Monot
Pâquerette :
Chorégraphie et danse :
Cecilia Bengolea
François Chaignaud
Rien compris.
Un truc inracontable aux amis, à la famille.
J'imagine : "c'était drôle, ils dansaient avec un god dans le cul".
Inspiré d'une chorégraphie du XIXè siècle du même nom, il en reste les costumes de départ qui cache les corps.
Les deux danseurs ne bougent presque pas, assis sur une fesse, de côté. On pense à la lenteur asiatique du Nô. Puis, il y a des contorsions, des grimaces de douleur "mal jouées", des
gémissements. Tout à coup, dans un mouvement vif, ils nous apparaissent nus, le cul en l'air, avec ce god planté. Même si on est prévenu, ça surprend, ça amuse, et ça questionne. Tout au
long du déroulement, ils ont cet ustensile (appelé là interprète, au même titre que les deux danseurs) qui canalise l'attention, qui gêne le mouvement et en provoque d'autres. Par exemple,
lorsqu'ils sont debout, les danseurs doivent maintenir l'objet en place avec le talon et doivent donc rester sur une jambe. Le spectacle se termine avec la chute des godemichés au sol et leur
abandon.
Je lis que leur intention était de “re-sexualiser le corps dans son entier”.
Lise Ott dit une vérité aussi de ce spectacle : “le consensus qui a, jusque-là, malgré tout préservé les anus de la chorégraphie”.
Castor et Pollux
:
Chorégraphie et danse :
Cecilia Bengolea
François Chaignaud
et quatre manieurs de trapèze
On vient à l'Opéra Comédie, théâtre italien. Sur la scène, on s'installe avec un plaid et un oreiller et on nous annonce que le spectacle aura lieu en l'air.
Deux corps sont là, au-dessus de nous, imbriqués, avec un collant multicolor et torse nu. Un homme, une femme. Ils bougent lentement, puis les mouvements prennent de l'ampleur, les danseurs sont
maniés de plus en plus vite de haut en bas, de long en large. Ils essayent parfois de se toucher, sans savoir pourquoi. L'éclairage donne de la profondeur, les cintres sont éclairés et font un
décor parfait, une musique d'orgue envahi cet espace et je pense à une représentation de l'Enfer, avec ces corps perdus, agités sans sens, dans cet espace parfois bien défini mais sans pesanteur
cohérente, parfois dans un noir sans fin, dans le vide.
Sylphides
:
Conception :
Cecilia Bengolea
François Chaignaud
Fabrication, danse :
Cecilia Bengolea
François Chaignaud
Chiara Gallerani
Lenio Kaklea
Sur scène, trois boudins noirs gonflés. Dans le noir, on entend un aspirateur. La lumière se fait, on voit une femme qui dégonfle l'un de ces boudins avec un aspirateur jusqu'à faire le vide
d'air, et l'on aperçoit de plus en plus nettement un corps dans cette enveloppe noire avec un tube au niveau de la bouche pour laisser respirer. La femme fera de même pour les deux autres
boudins, laissant l'un après l'autre les corps à leur existence fragile, enfermés dans ce plastique mortel. Ces sacs ont des anneaux aux quatre coins, une fermeture éclair. Est-ce que ce
sont des sacs mortuaires ?
Lorsque la femme disparaît, les trois corps commencent à bouger sous ce voile moulant couleur pétrole, presque liquide. Ils respirent, ils vivent. Ils arrivent même à se plier, à se lever. Le
plastique leur donne des airs de chauve-souris avec des peaux dépassant sur le côté du corps et des membres.
Comme lors des deux autres spectacles, les danseurs se touchent parfois, avec surprise, sans grande complicité, sans presque de soutien, ils ne sont pas des êtres recherchant l'autre.
La femme revient avec un grand chariot et passe devant chaque corps qui monte inconsciemment dessus. Une fois les trois corps sur le chariot, la femme s'en va. Et puis, un des corps va parvenir à
remettre de l'air dans sa seconde peau. Et commence la métamorphose qui va aller jusqu'à l'abandon de cette enveloppe.
Les trois danseurs se déchainent alors, dans des mouvements libres, de joie, du bonheur de sentir ce corps, de voir tout ce qu'il peut faire en saut, en course, en tourbillon. C'est un moment
d'émotion, hors danse, hors écriture, comme de l'énergie positive brute.